Les avancées technologiques ont été jalonnées d'étapes importantes. Attisée par le feu donné par Prométhée et actionnée par le rayon de la première roue, l'ingéniosité humaine n'a eu de cesse de croître de manière exponentielle au fil du temps. Le progrès engendre le progrès, tant est si bien que ce qui était le premier ordinateur programmable, pesant alors plus de 27’000 kg et occupant un espace plus grand que celui de la plupart des maisons, a évolué jusqu’à devenir un superordinateur qui tient dans la paume de notre main.

L'intelligence artificielle (IA) est la dernière technologie qui promet de transformer nos vies. Alors que celle-ci est en développement depuis des décennies, l’année 2022 a marqué le début d'une acceptation soudaine et généralisée de l'intelligence artificielle, avec la sortie de ChatGPT d'OpenAI. En raison de son travail de développement de l'IA, Sam Altman, PDG d'OpenAI, est considéré par beaucoup comme le Prométhée des temps modernes.

Si le feu cuit, épure et réchauffe, des experts de nombreuses industries mettent également en garde contre le risque de brûlure – l'IA peut notamment entraîner des pertes d'emploi, créer des deepfakes et accroître les inégalités socio-économiques. Or l'IA est également très prometteuse, et M. Altman l'a défendue avec acharnement lors du Forum économique mondial (WEF) de 2024 à Davos, en Suisse.

Lors du WEF, M. Altman a partagé son regard visionnaire sur l'avenir de l'IA, et plus particulièrement sur l'IA générative, un domaine dans lequel OpenAI a réalisé des avancées révolutionnaires. Face à la rapidité de l'innovation technologique, le point de vue d'Altman éclaire le potentiel et les défis à venir.

1. L'IA améliorera la productivité des personnes

À l’instar des pionniers des premiers jours de l'internet, l'IA fait l'objet d'expérimentations constantes. Conception, codage, écriture – rien n'est interdit. Ce sont là autant de nouvelles frontières pour les défenseurs de l'IA.

I think a very good sign about this new tool is that, even with its very limited current capability and its very deep flaws, people are finding ways to use it for great productivity gains – or other gains – and understand the limitations.
— Sam Altman

M. Altman fait allusion à un certain équilibre. L'expérimentation aura lieu, tout en étant tempérée par la compréhension des limites de l'IA. Sommes-nous arrivés au point où les entreprises devraient remplacer les comptables par l'IA? Probablement pas. Mais les comptables peuvent-ils utiliser l'IA pour réduire de moitié le temps nécessaire à l'exécution des processus manuels? Absolument.

L'IA est déjà en passe d'améliorer des institutions ainsi que des programmes archaïques et poussiéreux. Si la plupart des gens l'envisagent dans un contexte commercial, comme pour la rédaction publicitaire, elle touche également des secteurs moins évidents tels que les soins de santé, l'industrie manufacturière et l'énergie.

2. L'IA pourrait remplacer certains employés, mais elle créera également de nouvelles opportunités

On peut légitimement craindre que, compte tenu de cette efficacité accrue – l'IA remplissant mieux et plus rapidement des fonctions traditionnellement dévolues à l'homme – de nombreux travailleurs ne soient remplacés.

La destruction créatrice est au cœur du cycle de travail humain depuis des siècles. Lorsque les scieries ont remplacé les bûcherons par des tronçonneuses et des abatteuses empileuses, il fallait toujours des ouvriers pour construire, réparer et faire fonctionner les machines. La scierie envoyait ensuite davantage de bois à l'usine de papier, qui fabriquait davantage de produits. Elle avait alors besoin de ressources supplémentaires de la part de son fournisseur et d'un plus grand nombre de menuisiers.

Cet exemple de destruction créatrice correspond à la nature de la bête industrielle. L'IA pourrait remplacer certains emplois, mais les rôles seront réinventés et les travailleurs trouveront une nouvelle perspective.

AI has been somewhat demystified because people use it now, and I think that’s always the best way to pull the world forward with a new technology.
— Sam Altman

Fondamentalement, M. Altman suggère qu'un biais de proximité – la tendance des gens à favoriser ce qui est physiquement plus proche d'eux – influencera l'opinion publique. Plus les gens utiliseront l'IA, plus ils se sentiront à l'aise avec elle, favorisant ainsi les progrès.

Un autre exemple donné par M. Altman pour illustrer le besoin permanent de contact humain est l'attention que les gens peuvent se porter les uns aux autres. L'IA ne peut en aucun cas recréer cela. De même qu’elle ne peut pas reproduire l'excitation suscitée par la compétition humaine. M. Altman a souligné que “almost no one watches two AIs play each other [in chess, but] we’re very interested in what humans do.”

Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le PDG d'OpenAI, Sam Altman, en marge du WEF de Davos
Source: Getty Images

3. La réglementation de l'IA devrait être à l'ordre du jour de l'humanité

Le dernier volet à prendre en compte lors de l'adoption de l'IA est la sécurité. Cela nous conduit à la question de savoir comment nous pouvons garantir le développement et le déploiement éthiques de la technologie. M. Altman pose la question suivante: si nous ne réglementons pas l'IA, qui s’en chargera? La boîte de Pandore a été ouverte et Prométhée a déjà transmis le feu – quoi qu'il en soit, l'IA a vocation à rester. L’unique chose sur laquelle Elon Musk, Mark Zuckerberg et d'autres titans de la technologie s’accordent, c'est que l'IA nécessite d'être supervisée.

We believe in iterative deployment, so we put this technology out into the world along the way, so people get used to it, so we have time as a society — our institutions have time — to have these discussions to figure out how to regulate this, and how to put some guardrails in place.
— Sam Altman

Certes, M. Altman – peut-être, en tant que PDG de la société à but lucratif OpenAI, la personne qui bénéficie le plus d'une mise en œuvre à grande échelle de l'IA – pourrait avoir un parti pris sur la question de savoir si le déploiement de l'IA est bénéfique et nécessaire pour l'humanité. Mais il n'en demeure pas moins que des questions légitimes se posent quant à sa sécurité. La position de M. Altman indique que, quelles que soient nos réticences personnelles, cette technologie va continuer à progresser. Le temps est venu pour les dirigeants et les personnes les plus concernées par l'IA de réfléchir à sa réglementation et à la place qu'elle doit occuper dans notre société.

Dernières réflexions

Si la progression rapide de l'IA peut sembler déconcertante, Sam Altman insiste sur l'impact positif qu'elle peut avoir. En insistant sur le potentiel de l'IA à accroître la productivité en optimisant des processus simples et en créant de nouvelles fonctions pour les personnes, M. Altman estime que nous avons la possibilité d'exploiter ce pouvoir pour le progrès de la société – mais tout d'abord, nous devons promulguer des réglementations empreintes de bon sens.

L'existence et le déploiement de l'IA soulèvent des inquiétudes légitimes. Toutefois, à l’image du feu, il s'agit d'un outil de transformation dont l'impact négatif ou positif dépend de la personne qui le manie. Comme le dit l'adage, “un grand pouvoir implique de grandes responsabilités”. Selon Sam Altman, notre approche de l'IA devrait être fondée sur la gouvernance, le discours et la prudence, mais l'IA pourrait devenir la flamme qui aidera l'humanité à accéder à la prochaine étape de l'évolution.

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